ON A TESTÉ... LES RANDOS NATURE DE MARIGNANE

«Tu vas à Marignane aujourd'hui ? C'est pour prendre l'avion ? » Trop souvent réduite à son statut de ville-aéroport, Marignane jouit pourtant d'un emplacement privilégié au bord des étangs de Berre et de Bolmon. Pour s'en convaincre et découvrir le coin, rien de tel que de participer à l'une des « randonnées nature » organisées chaque premier mercredi du mois par l'Office de tourisme de la ville. Et cette fois-ci, cap sur les rives de l'étang de Bolmon et l'embouchure du fleuve La Cadière pour une session d'observation des oiseaux.

Le guide nature municipal Jean-François Lion est là pour nous épauler dans cette aventure ornithologique. Il faut dire que le territoire marignanais compte pas moins de 250 espèces d'oiseaux. De quoi donner le tournis aux novices que nous sommes. Mais tout est fait pour nous guider : la balade de 2h30 commence par un arrêt au club cynégétique de Marignane où une cabane d'observation permet de nous familiariser avec les volatiles. Pour parfaire nos connaissances, l'observation sera suivie d'une projection de diapos à l'intérieur d'une cabane camarguaise, sous un vaste toit en roseaux tressés.

Sur les rives de l'Étang du Bolmon, surnommé « le petit frère de l'Étang de Berre », s'ébattent une poignée de canards colverts et de poules d'eau, deux hérons cendrés perchés sur leur interminables pattes et quelques foulques, l'oiseau emblématique de la zone. Plus familiers que leur congénères, Maurice et Mira, le couple de cygnes connu des amoureux du lieu, ne se fait pas prier pour engloutir les morceaux de pain jetés par les enfants. Selon la période, la zone est également le refuge des flamants roses et des échasses blanches, qui arrivent d'Afrique au printemps et nichent dans les environs. Armés d'une paire de jumelles prêtées pour l'occasion, nous scrutons cette lagune saumâtre de plus de 5 km2, séparée de l'étang de Berre par le cordon du Jaï. Si comme nous, vous avez quelques lagunes en vocabulaire (#huhu), sachez que le mot « saumâtre » désigne un mélange d'eau douce et d'eau salée.

Une fois cette introduction ornithologique et biologique faite, il est temps d'user nos chaussures de randos sur le sentier qui longe la rive. De point de vue en point de vue, nous débouchons sur l'embouchure de La Cadière, où la végétation se fait plus dense. Plus loin, se dessinent les toits de l'ancien village de pêcheurs. Avec ses barques amarrées, le village rappelle le temps où la pêche était l'une des principales activités de l'étang. Jusqu'à la seconde guerre mondiale et l'avénement de l'industrie sur les bords de l'étang de Berre, on pêchait encore le muge (appelé mulet hors des frontières provençales) à l'aide de petits bateaux à fond plat. Aujourd'hui, seuls subsistent de cette époque quelques traces de bacs à anguilles et les cabanes de pêcheurs qu'une poignée d'habitués continuent d'entretenir entre deux parties de cartes.

À l'issue de cette découverte, force est de constater que la balade nous a convaincus. En cette fin de journée baignée par la douce lumière caractéristique des automnes provençaux, il règne autour de l'étang de Bolmon un calme irréel, que seuls viennent troubler les battements d'ailes des hérons qui frôlent la surface de l'eau. À la vue de ce spectacle, on se promet qu'on reviendra. Et on s'offrira même le luxe de réviser les noms d'oiseaux appris aujourd'hui, histoire de crâner comme jamais devant les copains de rando.