VIVA VILLA A CHOISI MARSEILLE

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Publiée le ven 28/09/2018 - 02:00 / mis à jour le jeu 29/07/2021 - 02:00

Le Festival ¡ Viva Villa ! est né en 2016 sous l’impulsion commune de trois résidences artistiques françaises, d’envergure internationale : l’Académie de France à Rome – Villa Médicis à Rome, la Villa Kujoyama à Kyoto et la Casa de Velázquez à Madrid.

Conçu, dès son édition zéro, comme un rendez-vous annuel gratuit, le festival réunit les artistes résidents de ces trois grandes institutions, dans une optique résolument transversale. Au sein d’une même programmation, les disciplines se croisent, se rencontrent et entrent en dialogue. ¡ Viva Villa ! offre ainsi au public un aperçu vivant de la jeune création contemporaine, à travers la pluralité des regards et des perspectives qui la caractérise.

Sous le commissariat de Cécile Debray et Federico Nicolao, le festival ¡ Viva Villa ! s’articule autour d’un parcours d’exposition dont les orientations thématiques proposent une lecture d’ensemble au- tant qu’elles viennent souligner la singularité de chacun des artistes exposés.

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Clément Carat
Clément Carat

En contrepoint de l’exposition, un programme de performances, concerts, lectures, films, rencontres et tables-rondes donne rythme et dimension au festival. Ces espaces de débats, ouverts à tous, permettent d’interroger les problématiques actuelles de la création contemporaine, de la recherche artistique et du travail en résidence.

Moment de partage avec le public, ces rencontres sont avant tout conçues comme des espaces de convivialité et de proximité avec les artistes résidents et les nombreux invités qui répondent à l’appel de ¡ Viva Villa !.

Après deux éditions parisiennes - au Palais Royal en 2016 et à la Cité internationale des arts en 2017 - ¡ Viva Villa !, avec les soutiens de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de l’Institut français et de l’Académie des Beaux Arts, s’installe à la Villa Méditerranée, à Marseille du 29 septembre au 7 octobre 2018.

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Giulia Andreani
Giulia Andreani

Frontières

Exposer ensemble les artistes des trois grandes résidences françaises – la Casa de Velázquez, de la Villa Kujoyama et de la Villa Médicis – issus de la promotion 2017/18, tel est le pari de ce festival ¡ Viva Villa ! Au sein d’un bâtiment singulier, remarquable et très présent – la Villa Méditerranée de Stefano Boeri – s’est imposé peu à peu un propos, à partir de résonances et d’interrogations communes autour de thématiques actuelles, incontournables et essentielles en ces temps incertains : celles des frontières et limites, de l’architecture comme signifiant, des stigmates laissés à travers le temps dans le paysage ou la mémoire. Beaucoup d’œuvres, toutes disciplines confondues – dessin, vidéo, photographie, installation, peinture, musique, cinéma, performance – qui y seront présentées ont pour arrière-plan, plus ou moins affirmé, le politique. Cette inflexion conduit nombre d’artistes d’aujourd’hui à revisiter l’art des années 70 et 80, les années Fluxus, Arte Povera, néo-dada, pop et post-modernes autour des écritures d’anticipation et de science-fiction.

Ainsi, le parcours proposé ménage des échos avec quelques acteurs singuliers de la scène artistique des années 60-70. Il rend hommage simultanément à l’ombre tutélaire de Gordon Matta-Clark et de ses actions déconstructives d’anarchitecte, aux performances vocales, les « Crirythmes », de François Dufrêne et au compositeur Alvin Curran, figure importante de la culture musicale underground et expérimentale des années 70.

L’exposition est ensuite articulée en grands thèmes qui permettent de confronter les différentes œuvres qui trouvent-là une nouvelle amplitude : Futures archéologies, Architectures fantômes et futuristes, Résurgences et apparitions, Stigmates urbains entre mémoire et organicité, Murs, Paysages en question, Usages de l’architecture (niveau médian), Transparence et visibilité (niveau supérieur).

Architectures futuristes désertées et ruinées, constructions imaginaires utopistes et intérieures, maquettes de processus de destruction organique, vidéos sur l’espace urbain militarisé, séries photographiques sur des digues anti-tsunami qui balafrent le paysage, ufologie et phénomènes spectraux, résurrection par la peinture d’artistes femmes oubliées, ballet de migrants et de douaniers autour d’une frontière, installation sonore et plastique de verres, langues enfermées et empêchées dans des globes, motifs de portes murées et éventrées, séries de murs, de façades, de pierres tombales aux plaques arrachées, cartographie de symptômes du bâtiment de Boeri, pièce musicale pour instruments de musique mécanisés… autant d’expressions et de motifs qui invitent à penser notre époque – celle de dérèglement climatique, de déplacements migratoires, de frontières invisibles, de crises politiques et identitaires, de sophistication technologique et d’ouverture très grande des écritures artistiques. Se dessine en creux le portrait d’une génération d’artistes impliqués, engagés à la fois dans le monde et dans les questions de formes.

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